Séquence sur l'enlèvement des Sabines (3°)

 

1) le récit de Tite-Live

L’épisode des Sabines nous est relaté dans le livre premier de l’Histoire romaine de Tite-Live, à partir du chapitre 8, à la fin du récit sur l’organisation de Rome par Romulus et de ses démêlés avec les peuples voisins.

Dans sa préface, l’historien ne se fait guère d’illusion sur l’intérêt que les lecteurs porteront à ce premier livre essentiellement consacré à des données légendaires et lacunaires ( l’ante urbem conditam, la fondation de la ville et la période de la royauté). Pour nous cependant, ces pages font partie des plus célèbres et des plus fascinantes de l’Antiquité. Même si, dans les premiers livres, Tite-Live ne s’étend pas sur de vastes tableaux et n’est pas encore ce « metteur en scène hollywoodien dont l’ambition est de créer le spectacle de l’histoire » (Jacques Gaillard et René Martin dans Les genres littéraires à Rome), le lecteur prend plaisir au récit des légendes qui font partie d’un patrimoine culturel, légendes que l’on connaît de façon plus ou moins précise mais qui ont frappé l’imaginaire collectif.

Derrière le récit légendaire des origines de Rome, le lecteur moderne devinera aisément l’occupation étrusque et sabine que dut subir la ville dans ses premiers temps. C’est là l’autre intérêt de l’épisode de l’enlèvement des Sabines (et des autres légendes des origines) : découvrir ce que l’historien peut nous dire de vrai derrière la légende et les morceaux de bravoure. On sait aujourd’hui que ces légendes comportent des éléments corroborés par les découvertes archéologiques.

 

 

2) Les représentations picturales en rapport avec le texte :

L’enlèvement des Sabines et les combats entre Romains et Sabins qui suivirent ont beaucoup inspiré les artistes. On peut citer, outre les tableaux de Poussin et de David que nous nous proposons d’étudier, les œuvres de Girolamo del Pacchia ( 1520), Giovanni Da Bologna ( XVIème siècle), Giovanni Francesco Barbieri (Le Guerchin) (1645), Rubens (XVIIème siècle) et Picasso (1963).

Le tableau comparatif ci-dessous permet de mettre en parallèle les deux représentations les plus célèbres de cette histoire en comparant les techniques de composition de chaque œuvre ainsi que son contenu et sa visée.

Il est à noter que Tite-Live trouve de multiples excuses pour justifier cet enlèvement : on remarquera que Romulus est systématiquement présenté dans son bon droit. Alors que la cité de Rome s’agrandit, son roi attire des gens obscurs et de basse condition pour pouvoir la peupler. Hommes libres et esclaves, tous en quête de nouveauté, viennent s’y installer. Mais le manque de femmes met en péril l’existence des futures générations. Romulus, sur le conseil des pères, envoie des ambassades aux nations alentour pour leur proposer alliance et mariages. Aucun peuple ne répond favorablement à la demande. Romulus envisage alors une solution plus violente et expéditive : il prépare des jeux solennels en l’honneur de Neptune Equestre et invite les peuples voisins au spectacle

 


David. Les Sabines. (1796-99)
David. Les Sabines. (1796-99)

Poussin, L'Enlèvement des Sabines (1637-38)
Poussin, L'Enlèvement des Sabines (1637-38)